Vendredi 28 juin 2019
LE PLA GUILLEM & LE PIC DES SEPT
HOMMES :
(TEXTE: André ROSAT)
(Photos: André ROSAT et Marcel ROUILLÉ)
(Montage du blog: Marcel ROUILLÉ)
Un long moment d’égarement ou ( en
català ) « un desgall veritable»
Distance : 15 km
Dénivelé : 900 m
Durée : 6 h
Participants :
- Pierre DELPUECH dit le
Lynx ( voiture )
-
Louis
PALLURE dit l’Izard ( viennoiseries )
-
André
ROSAT dit la Fura ( Chef du jour )
-
Marcel
ROUILLE dit le Caribou
Réunis chez Marcel à 6 h 30 pétantes, nous
fonçons récupérer Louis que nous apercevons de loin se dirigeant vers la
boulangerie, comme d’hab, les yeux rivés au sol.
D’entrée
l’Izard se fait alpaguer pour un fallacieux retard de qq minutes qui mettent en
péril le fragile équilibre de l’aventure du jour. Loulou prend ça pour argent
comptant et s’excuse sans barguigner avec gentillesse. Ce misfit va donner le
la à cette calamiteuse mais sympathique journée.
Le 4x4 de
Pierrot a aujourd’hui été réquisitionné car indispensable pour la montée vers
le Col de Jou et surtout Mariailles. Pour cette portion, Louis le nauséeux a
pris la place du mort. Les quatre compères vont être vigoureusement secoués
comme dans un bocal par la conduite sportive et virulente d’un Lynx déchainé.
Putain quel rodéo dès tôt le matin !
Heureusement nous connaitrons qq instants de répit à devoir suivre un
troupeau de moutons sans intelligence ni savoir vivre qui refuseront pendant 10
minutes de nous laisser passer. Le berger, vautré peinard dans son Pick-up avec
son patou, et pourtant civilement imploré par Louis (désigné par le groupe pour
ses talents légendaires en diplomatie ), n’en a strictement rien à battre.
A droite comme à gauche, impossible de passer… BÉÉÉ
Après 2 h de
trajet nous voilà à bon port sur le parking de Mariailles. Chacun prend bien
son temps pour se soulager, déguster les viennoiseries de Louis ( merci mon
Loulou ) et bien vérifier tout l’équipement. On sent une concentration de bon
aloi avant cette rando nettement plus musclée qu’à l’accoutumée en cette journée
caniculaire.
Viennoiseries ou fruits, tout le monde s'alimente.
La Fura est bombardée Chef du jour et la suite
montrera qu’il va y déployer tout son talent !
Très prévoyant comme d'habitude….. le Chef du jour s'inquiète pour cette journée en alerte orange, d'intégrer tous les paramètres (T°, Hygrométrie, orientation…..), toutes les précautions sont prises.
Bref à 8 h 45
c’est le départ ; nous empruntons de suite, plein sud, la longue piste
vers le Pla Guillem. Marcelou démarre en trombe et lâche rapidement le peloton
surpris ; c’est en fait pour mieux s’isoler car la boyauterie le
« trountouille » et le contraint à effectuer une nouvelle vidange
régénérante et pour tout dire salvatrice.
La piste
caillouteuse, d’abord bien ombragée par les sapins grimpe modérément mais
régulièrement. Nous cheminons ensuite plus à découvert dans de magnifiques
paysages pyrénéens. Au bout d’une demi-heure, un très bel orri s’offre à nous à
gauche en contrebas. Au loin on entend le troupeau de moutons qui arrive pour
pâturer dans ce vallon très verdoyant ou s’écoule un petit ruisseau.
La chaleur
commence à se faire sentir mais honnêtement nous n’aurons pas à en souffrir car
il fait une bonne dizaine de degrés de moins qu’en plaine et une petite brise
de vent nous accompagnera toute la journée.
Notre ascension
se poursuit et nous sommes doublés par un randonneur, seul, doté d’une foulée
aérienne : insolente jeunesse ! Nous grimpons toujours et Pierre nous
quitte, ayant décidé de laisser la piste au profit d’un raccourci très
caillouteux et violemment pentu ; cet effort pourrait avoir des
conséquences.
Dans un virage
nous retrouvons notre berger qui nous a dépassé peu avant avec son pick-up. Il
nous raconte la blessure d’une collègue bergère dont il doit assurer la
responsabilité du troupeau en plus du sien. Comme quoi les cadences infernales
n’existent pas qu’à l’usine !
Nous arrivons
finalement au Col de la Roquette vers 10 h 15. Pierre et Louis sont déjà
« espatarés » à l’ombre. Marcel est un peu attardé, ralenti par une
petite hypo ; n’écoutant que son bon cœur notre Lynx vole à l’aide de son
cousin en le soulageant de son sac pour les derniers hectomètres. Le Caribou
décide d’une pause réparatrice avec un « esmozar d’aqueixos ».
Marcel, victime d'une hypo va s'alimenter, et prendra son temps, il demande à ses 3 compères de ne pas l'attendre…..
D’ici le
panorama est magnifique, totalement dégagé côté Capcir avec tout à gauche les
Esquerdes de Rotja tandis qu’à l’ouest derrière le Pic des 7 hommes apparait en
majesté ce bon vieux Canigó. Tout à côté de nous se dresse la belle croix de
Llopidère en bordure du GR 10 pour gagner le Pla Guillem.
Au 1er plan le Pic des 7 hommes, et sur sa gauche en arrière plan, le pic du Canigou.
Marcel,
qui commence son esmorzar, nous enjoint de partir, ayant décidé, quant à lui,
de ne pas poursuivre au-delà du Pla. Nous repartons donc à trois sur cette
piste de plus en plus caillouteuse et pas très marrante. Le Lynx qui s’est
arrêté un instant pour se désaltérer se trouve décroché. Après un dernier
virage en épingle à cheveux nous arrivons enfin au Pla Guillem mais il faudra
encore qq hectomètres pour parvenir à sa partie centrale où se trouve un
panneau indicateur.
Nous attendons
Pierre 10 minutes, un quart d’heure. Ne le voyant pas arriver nous en concluons
qu’il a dû attendre Marcel pour cheminer avec lui. Etant déja en retard par
rapport à nos prévisions, nous décidons avec Louis de partir plein nord-est
vers le Sept Hommes qui nous est vendu pour 1 h 50 de trajet.
La Fura qui ne
tient à voir l’Izard partir en tête comme à l’accoutumée puis divaguer ( alors
qu’il a en poche un topoguide perso dont il ne lira pas la moindre ligne ), préfère
assurer le coup et prend la tête avec assurance empruntant le GR 10 vers le Col des Boucacers
qui se trouve sensiblement à la même altitude que le Pla Guillem.
Dans l'immensité du PLA GUILLEM, et en l'absence du Lynx et du Caribou, le corps médical a couru à sa perte….. malgré les panneaux indicateurs….
Et là que se passe-t-il ? Perte
de lucidité ? ivresse des cimes ? insolation ? accident
ischémique transitoire ? crise aigüe de démence sénile ? le
saurons-nous jamais ? La Fura qui a
décroché Loulou a manifestement loupé à sa gauche la sente vers le Pic et
poursuit bestialement sa descente folle dans un thalweg vers le gîte des
Estables. Louis, beaucoup plus malin qu’il n’y parait, a bien compris le
caractère mortifère de cet attrait pour l’abîme. Après s’être égosillé en vain
pour rameuter son dément compagnon, il fait demi-tour pour regagner le Pla.
La Fura,
constatant que le Héros de Compostelle ne le suit plus et qu’il descend inexorablement
depuis plusieurs dizaines de minutes, recouvre subitement la raison et fait à
son tour marche arrière. Monter, descendre, remonter, cet âne aura effectivement
avalé aujourd’hui ses 900 m de picotin de dénivelé positif !
De retour au
Pla Guillem, la Fura, ayant enfin retrouvé la lucidité qui a construit sa
légende, fait la rencontre d’un tout jeune randonneur qui vient des Esquerdes
de Rotja et rejoint Mariailles pour entamer demain l’ascension du Canigó . En
manque d’eau, je lui en propose évidemment mais il reste obnubilé par le bon
demi bien frais qu’il dégustera, une fois arrivé au chalet.
Pour faire bon
poids, la Fura, décidemment très en forme aujourd’hui, a également oublié son
portable à la maison. Son nouveau compagnon lui propose gentiment le sien mais
ça ne fait pas avancer le schmilblic puisque Dédé ne connait par cœur aucun
numéro de ses trois acolytes. Comme il est 13 h, il pense que le trio, tenaillé
au buffet, a dû commencer à bouffer.
Effectivement, Pierre et Marcel, las d'attendre sur ce PLA sans ombre, et sans nouvelles, décident de redescendre par le GR10 pour s'arrêter pique-niquer dans un sympathique coin ombragé que le Caribou a repéré dans son ascension solitaire.
Un joli coin ombragé, prés de la croix ou un certain JAMPY est décédé (décidemment…..)
Nous commençons vraiment à nous inquiéter (après avoir quand même apprécié la flasque…..lorsque soudain, sortant de nulle part, voilà notre Isard qui déboule, en "RAPOUTAGUAN" après son confrère la FURE, qui n'a pas entendu ses hurlements lorsque Louis avait compris l'erreur d'orientation….
Louis affamé dévore son pique-nique, et pendant ce temps, où en est la FURE ??? Avec son compagnon…..
Nous effectuons
donc un petit détour par les deux refuges du Pla, l’ancien en pierres de
montagne, à l’abandon, le récent condamné et inhospitalier. Mais pas de Vambes !
Nous prenons donc cette fois le GR 10 tout schuss vers le Col de la Roquette.
Et après 20
minutes de descente, bingo !, nous tombons sur nos trois compères,
carrément vautrés en plein milieu du GR et, à l’ombre d’un sapin, en train de
s’empiffrer. Le jeune randonneur toujours obsédé par sa bière fraiche continue
à tracer comme une flèche sans même un regard pour ces trois morphales.
Evidemment
l’accueil est plutôt aigrelet, les deux cousins, rejoint depuis peu par
l’Izard, laissant accroire que, fous d’inquiétude, ils étaient sur le point de
déclencher le plan ORSEC. Purée, l’angoisse ne leur a pas coupé l’appétit ni
d’ailleurs, leurs mauvais tons, le mien ! Et la Fura de commencer par un
merveilleux jaune bien frais au pied d’une petite croix en bordure de GR à la
mémoire d’un certain Jampy.
Tiens, revoila
le randonneur de ce matin toujours aussi alerte, qui arrive lui du Puig de la
Collada Verda et poursuit son chemin.
Entre deux quolibets, la fine équipe, enfin réunie, profite « amb molt
plaer » de qq moments d’un repos bien mérité avant de repartir à 14
h vers le col de la Roquette ou pâture maintenant un troupeau de vaches
rouquines superbes. Et, pour rester dans l’animalier, nous apercevons au loin,
dans les pâturages du pied du Pic des 7 Hommes, un troupeau de moutons. Celui
de ce matin ? Très probablement.
Les pattes un
peu cassées par la descente du Pla dans la pierraille accidentée, nous décidons
de conserve de ne pas continuer par le GR 10 mais de reprendre la piste
empruntée ce matin. La Fura qui souhaite éviter les « remontées
acides » répétitives de ses compagnons de misère, a repris l’avant-poste
et retrouve l’homme de la Collada Verda, en pause rafraichissement, avec lequel
il terminera l’épopée en bonne intelligence, suivi de près par les trois pieds
nickelés.
Tothom s’affale à l’ombre près du 4x4 de
Pierrot et là, merci grand chef, c’est l’extase grâce
à la bière bien fraiche tirée de la glacière du Caribou. Quel pied ! Envolées la fatigue et les rancœurs.
Nous quittons
Mariailles ver 15 h 30. Le Lynx, toujours aussi déchainé au volant, nous
refait, sur cette putain de piste, le coup du rodéo qui nous laisse
complètement blabagés sauf Loulou l’extra-terrestre qui a trouvé le moyen de
s’endormir dans les derniers lacets. Bravo Pierre pour ta brillante prestation
automobile de ce jour !
La fin
s’effectue plus en douceur et c’est à 17 h 30, comme prédit par le Caribou, que
nous parvenons à l’écurie. Et alors là, quelle baffe en sortant du véhicule
avec un bon 40° de température sans un pet d’air qui nous tombe sur les épaules
comme du plomb fondu. Vivement la douche !
Et voilà le portrait des 4 AXURITS dont finalement aucun n'aura gravi le PIC DES 7 HOMMES.
Voilà mes
bons amis le récit sans concession de cette journée certes calamiteuse sur le
plan des résultats mais toutefois riche en enseignements et en émotions. Le
Chef du jour présente à tous ses plus plates excuses mais vous assure qu’à la
prochaine occasion, il recommencera…. en mieux ! JA POT RIURE LA FURE.....
Bien
amicalement.
La Fura
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